[Critique] Prisoners de Denis Villeneuve (2013)

Un Thriller sous haute-tension !

PrisonersTitre original : Prisoners
Réalisé par : Denis Villeneuve
Distributeur : SND
Genre : Thriller
Durée : 2h33 minutes
Date de sortie : 9 octobre 2013

Synopsis : Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entraînant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

Après « Incendies », un premier film nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, le réalisateur canadien Denis Villeneuve fait son grand retour avec son premier long-métrage américain « Prisoners ». Pour son second film, Villeneuve signe un thriller à haute tension au casting béton composé entre autre de Hugh Jackman (Wolverine) et Jake Gyllenhaal (Source Code).

Prêt à tout, sauf au pire.

«  Be ready » (Sois prêt), c’est le conseil que donne Keller Dover (Hugh Jackman) à son fils au début de Prisoners alors qu’il vient de lui apprendre comment chasser et abattre son premier cerf. Dover est un survivaliste, toujours prêt pour le pire, son sous-sol est rempli de vivres et de couvertures en cas d’attaque ou de catastrophe naturelle. Pensant être prêt à affronter n’importe quelle situation, rien pourtant ne l’aura préparé à ce qui va arriver ensuite. En plein dîner de Thanksgiving, chez des proches, sa jeune fille de 6 ans s’éclipse jouer avec celle de leurs amis. Elles ne rentreront pas ce soir là. Alors que sa femme refuse de croire à cette disparition, Keller, rongé par la culpabilité et peu confiant dans l’efficacité de la police, décide de prendre les choses en main et mener sa propre enquête, au-delà des frontières de la loi. Côté force de l’ordre, c’est un officier solitaire mais n’ayant encore échoué à résoudre aucune enquête qui est appelé à la rescousse. Le détective Loki (Jake Gyllenhaal) va enquêter sur la disparition des fillettes et le comportement étrange du père, qui mène son enquête parallèle…

Hugh Jackman

Si le scénario de Prisoners reste classique (une histoire de disparition et de vengeance), sa réalisation ravira les amateurs de thriller de part son excellente exécution. Tout au long de ses 2h30 (quand même!), l’enquête va évoluer, sans lasser et les retournements de situation se multiplier laissant le spectateur sur un effet de surprise pour peu qu’il n’ai pas vu la bande-annonce (qui en dévoile un peu trop) où qu’il n’ai pas vu venir le twist trop vite. Malgré une certaine longueur, on ne s’ennuie pas un instant et le très bon jeu des comédiens (notamment de Hugh Jackman qui prouve encore une fois ici qu’il peut incarner avec talent d’autres personnages que notre mutant préféré) nous plonge dans une profonde empathie pour les familles. Alors qu’une famille parvient à s’en remettre à la police, l’autre refuse d’y croire et décide de prendre les choses en main. Chaque personnage incarne un comportement possible dans ce genre de situation (la mère dépressive, le père démuni, le vengeur …). En pleine banlieue de Boston, dans un décor hivernale qui ne donne pas vraiment envie d’y passer ses vacances, Keller sait que chaque seconde qui passe l’éloigne de retrouver sa fille, sa responsabilité, lui, qui incarne l’homme de la maison (cette valeur traditionaliste revient souvent dans le film en ce qui concerne le personnage de Keller).

Qui a fait ça ? Pour quels motifs ? Prisoners est un thriller psychologique qui nous plonge dans les méandres de l’esprit humain. Villeneuve avec ce scénario de Aaron Guzikowski flirt avec cette délicate frontière qui sépare le bien du mal et la justice de la vengeance, voir de la violence. Que l’on adhère ou non aux méthodes de Keller qui traverse une situation que l’on ne peut probablement pas comprendre à moins d’y être confronté, le film parvient à nous maintenir dans un état de pression constant dont on souhaite autant se voir délivrer que les personnages. Le manque d’action se fait à peine ressentir tant le spectateur se retrouve plongé dans l’enquête explorée via la vision de deux personnages : Keller et le détective Loki.

Paul Dano et Jake Gyllenhaal

Le casting est un sans faute. Outre le talent sur lequel nous ne nous attarderons pas de Jackman, Gyllenhaal, plus rare sur les écrans ces derniers temps revient ici très en forme dans son rôle de détective tenace et nerveux. Paul Dano, au physique atypique, est également impressionnant de justesse dans le rôle d’Alex Jones, le premier suspect détenu par la police pour le kidnapping des jeunes filles. Avec peu de dialogues (le personnage possède le quotient intellectuel d’un enfant), il parvient en un regard à nous mettre mal à l’aise et véhiculer ses messages. Petit bémol pour l’actrice Maria Bello alias Grace Dover dont on aura du mal à apprécier la performance puisque son personnage passe la grande majorité du film à pleurer et à en vouloir à son mari. La faute au scénario donc.

En bref !

Même si Prisoners n’est pas le thriller parfait (le film aurait survécu avec une vingtaine de minutes en moins), il parvient néanmoins à tenir le spectateur en haleine et son dénouement, bien que prévisible pour les habitués du genre, n’est pas non plus assez évident pour le dénuer dès le départ de tout intérêt. L’ambiguïté morale du scénario restera à l’appréciation de chacun et je m’abstiendrai pour ma part de tout jugement puisque nul ne sait comment chacun pourrait réagir dans pareille situation. Loin de prôner l’idée qu’il est juste de se faire justice soi-même, Prisoners conçoit et explore les différentes réactions possibles tout en nous rappelant la folie dont est capable l’espèce humaine. Bref, un très bon thriller.

Note : ★★★½☆

Remonter

Reactions