[Critique] Kick-Ass 2 de Jeff Wadlow

Super-héros & gros mots à gogo !

Kick-Ass 2Titre original : Kick-Ass 2
Réalisé par : Jeff Wadlow
Distributeur : Universal Pictures International France
Genre : Action , Comédie
Durée : 1h43 minutes
Date de sortie : 21 août 2013

Synopsis : L’audace insensée de Kick-Ass a inspiré une pléthore de vengeurs masqués autodidactes, le Colonel Stars & Stripes en tête, auxquels notre héros va s’allier pour patrouiller les rues de la ville et assurer la sécurité générale. Mais quand Red Mist, réincarné en Mother F%&*^r, décide de s’attaquer à ces super-héros amateurs, seuls les sabres acérés de Hit Girl sauront les sauver de la destruction.

Kick-Ass, Hit Girl et bien plus de nouveaux ados barjos et wannabe super-héros sont de retour sur grand écran pour de nouvelles aventures contre le crime. 3 ans après son succès surprise au box-office, Kick-Ass revient dans un second volet toujours librement inspiré par le comics sanglant de Mark Millar et John Romita Jr. S’il n’y a eu aucun changement côté casting, le réalisateur Matthew Vaughn (Stardust, X-Men, le commencement) a lui délaissé son poste au profit d’un statut de producteur. A l’écriture du scénario et à la réalisation a donc été nommé le moins expérimenté Jeff Wadlow (Never back down) ce qui a engendré de nombreuses craintes quant à la qualité de cette suite. L’alliance de violence, d’humour et de second degré qui a fait le succès du premier film a t-il été conservé dans cette suite ? Mon avis sur la question dans la suite ci-dessous !

Alors que le second comics fait directement suite aux événements du premier, 3 ans se sont écoulés entre la sortie de Kick-Ass et Kick-Ass 2 ce qui a laissé le temps à nos jeunes comédiens de grandir et mûrir physiquement. Afin d’expliquer cette différence, l’histoire ne reprend ici donc logiquement que 3 plus tard et Hit-Girl, que nous avions laissé au stade de petite fille de 12 ans en a aujourd’hui 15 et ressemble davantage à une femme/adolescente qu’à un enfant. Le scénario reprend grosso-modo les grandes lignes du comics, de la violence et des scènes trop choquantes ou coûteuses en moins (pas de décapitation de chien ou de massacre en plein Times Square). Kick-Ass 2 se veut en effet beaucoup plus édulcoré que son prédécesseur et que son comics d’origine, débordant de violence. Le réalisateur assume d’ailleurs parfaitement ce choix et n’hésite pas à en jouer en le faisant savoir au spectateur qui aurait lu le comics avec des répliques comme « Même moi je ne suis pas assez cruel pour tuer un chien » de Red Mist dans une scène qui vous le devinez, ne s’est pas tout à fait déroulée de la même manière sur le papier.

Photo du film "Kick-Ass 2"

Dave/Kick-Ass (Aaron Taylor-Johnson) et Mindy/Hit Girl (Chloë Grace Moretz) ont bien grandi !

Comme dans le comics mais pas tout à fait pour les mêmes raisons, Hit-Girl a donc raccroché son costume suite à une promesse faite à son gardien, le sergent Marcus Williams (Morris Chestnut) et ce au grand désespoir de Kick-Ass, à la recherche de nouveaux compagnons. Des compagnons qu’il va rapidement trouver sur Facebook en intégrant Justice Forever, sorte de Justice League / Avengers (au choix) amateur. Cette dernière est dirigée par le Colonel Stars and Stripes, un ex-mafieux ayant trouvé la voie du seigneur interprété par le généralissime Jim Carrey. Si l’acteur a décidé de ne pas assurer la promotion du film, lui reprochant après montage d’être trop violent et de faire l’apologie des armes à feu, il reste un brillant comédien et on ne pourra que regretter que son personnage ne dispose pas de plus de temps d’écran. En effet, si le Colonel assure ici l’équivalent de feu Big Daddy (Nicolas Cage), son importance dans le récit reste bien moindre et aurait méritée davantage de développement, son passé de membre de la mafia, par exemple,  à peine survolé.

Le personnage de Red Mist, devenu le super vilain Mother Fucker (après avoir enfilé l’équipement SM de sa mère …) bénéficie quant à lui d’un traitement de faveur de la part du réalisateur puisque son personnage est ici bien plus développé que dans le comics (et aussi rendu bien plus sympathique). Désireux de se venger de Kick-Ass qui a tué son père avec un bazooka, Chris D’Amico alias Mother Fucker décide lui aussi de recruter une ligue de super vilains composée de sociopathes aux pseudos ridicules comme (entre autre) Tumeur, Genghis Carnage et surtout Mother Russia, au physique imposant et la cruauté sans limite interprétée ici avec force et brio par la bodybuildeuse Olga Kurkulina.

Photo du film "Kick-Ass 2"

Troisième storyline du film, quelque peu en décalage avec le reste de l’histoire et absente du comics Kick-Ass 2, la tentative de normalisation de Hit-Girl en adolescente stéréotypée. Alors que Marcus pousse Mindy Macready (Hit-Girl) à se comporter comme une fille de son âge cette dernière tombe dans le piège d’un groupe de jeunes pétasses populaire et sans scrupules qui va s’avérer aussi diabolique que Red Mist, poussant notre jeune super-héroïne à se venger d’une manière aussi trash que vulgaire. Si l’on pourra jubiler devant la caricature de la génération Justin Bieber/One Direction et adolescente sans cervelle faite ici, on regrettera l’utilisation abusive de l’humour American Pie faisant doucement pencher le film dans ce qu’il essaye justement de moquer au point de nous offrir une des scènes les plus déplorables du film riche en humour scatophile.

Moins violent, plus axé sur le sexe (Kick-Ass n’est définitivement pas aussi chanceux avec les filles dans le comics), Kick-Ass 2, comme son prédécesseur, ne cesse de se moquer des stéréotypes liés au monde des super-héros comme les tragiques « Origin Story » (avec le personnage de Marty qui s’en invente une pour faire comme les autres) ou avec les remarques très pertinentes des méchants qui trouvent leur nom de super vilain complètement raciste (ex: Black Death). Cependant, à vouloir surpasser le premier film en allant plus loin (plus de super-héros contre plus de super-méchants), Kick-Ass 2 se perd quelque peu dans l’excès. Le temps passé à développer les personnages de Mother Fucker et surtout de Hit-Girl volent la vedette à Kick-Ass qui n’apparaît pas vraiment comme le personnage principal du film. Aussi aurait-on aimé davantage de Kick-Ass et moins de temps consacré à la veine tentative d’intégration de Hit-Girl auprès de ses camarades.

Aaron Taylor-Johnson, Chloë Grace Moretz et Christopher Mintz-Plasse

Fort heureusement Kick-Ass 2 parvient à compenser ses défauts par l’humour et si comme moi vous ne regrettez pas l’élimination d’une partie de la violence excessive du comics alors vous passerez sans nul doute un très bon moment devant ce film. A l’exception de certaines scènes dont on aurait pu se passer comme la panne durant le viol de Crazy Bitch ou la vengeance de Hit-Girl à la cantine, Kick-Ass respecte, sans pour autant jamais le surpasser, le travail de Matthew Vaughn et parvient à éviter la catastrophe prédite pas de nombreux détracteurs du film avant sa sortie. Encore une fois, le scénario diffère du comics dans sa conclusion (en plus d’avoir coupé la grande scène de bataille dans Times Square entre la police, les super-méchants et les super-héros) et se conclut de manière moins sombre que le comic book qui laisse nos héros dans la panade et ouvre la porte à un troisième volet. Un troisième film s’en inspirant verra t’-il le jour ? Les résultats au box-office en décideront probablement !

Dans l’esprit du premier film, même si pas aussi réussi, Kick-Ass 2 reste une comédie borderline, satyrique et déjantée qui vous fera passer un agréable moment. En salle le 21 août prochain.

Note : ★★★★☆

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