[Critique] Man of Steel de Zack Snyder

Fanboys s'abstenir !

Man of SteelTitre original : Man of Steel
Réalisé par : Zack Snyder
Distributeur : Warner Bros. France
Genre : Action , Aventure , Fantastique
Durée : 2h20 minutes
Date de sortie : 19 juin 2013

Synopsis : Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engage dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la ydestruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité.

Depuis l’annonce du projet de reboot de la franchise Superman avec Christopher Nolan (The Dark Knight) au scénario et Zack Snyder à la caméra pour nous offrir de jolies scènes d’actions, j’admets avoir littéralement trépigné d’impatience de découvrir le film (traçant limite des bâtons au-dessus de mon lit chaque matin pour compter les jours restants jusqu’à la sortie).

Après l’abominable et au combien dépourvu d’action Superman Returns de Bryan Singer en 2006, le succès de la trilogie Batman par Christopher Nolan a poussé les studios Warner à vouloir appliquer le même traitement à l’homme d’acier et, avouons-le, ce dernier méritait véritablement un peu de modernisation, même si cela implique de perdre le slip rouge et de faire hurler quelques fanboys au passage.

Après avoir eu l’occasion de saliver devant un grand nombre de bandes-annonces, laissant toutes présager quelque chose d’épique, j’ai finalement eu l’occasion de découvrir le film il y a quelques jours (deux fois même pour être précis). Le moins que l’on puisse dire et que je fus grandement surpris par le résultat et que si l’action est au rendez-vous (à la limite de l’overdose), la mythologie de Superman n’a non pas été modernisée mais librement réinventée et cela risque de rester en travers de la gorge de nombreux fans de l’homme à la cap.

(Attention risque de spoilers)

Man of Steel : Russell Crowe

Le film s’ouvre sur un endroit très peu exploité dans les films Superman jusqu’ici : Krypton, où l’on assiste à la naissance de Kal-El. Alors que Jor-El (incroyablement bien joué par Russell Crowe) s’adresse au haut conseil de Krypton pour les prévenir de la destruction prochaine de la planète (on connait tous l’histoire), le général Zod (grand méchant exploité dans le Superman II de Donner) attaque le conseil avec son armée et tente un coup d’état. Son but ? Récupérer le codex, un appareil contenant l’ADN de tous les kryptoniens et nécessaire pour redonner vie à Kryton sur une autre planète. Bien entendu, Jor-El n’entend pas le laisser faire et s’en empare en premier. Cela entraîne une course poursuite entre les deux hommes (l’action démarre déjà après quelques minutes de film) et le personnage de Jor-El, connu pour être un scientifique, se transforme ici en roi du Kung-Fu contre Zod. Par la suite, Jor-El et Lana prennent la lourde décision d’envoyer leur fils vers la Terre, Zod et ses copains sont condamnés à être prisonniers de la zone Fantôme puis Krypton explose comme l’avait prédit Jor-El. Bref, vous l’aurez compris, jusque ici la mythologie a été globalement respectée.

L’histoire de Superman, tout le monde la connait et au lieu de nous imposer la découverte du vaisseau de bébé Kal-El par les Kent etc. (comme nous l’a fait subir Smallville pendant 10 ans), le film enchaîne ici directement avec un Clark (Henry Cavill) adulte qui parcourt l’Amérique et enchaîne les petits boulots afin de garder profil bas. A la manière de Batman Begins (normal avec David S. Goyer et Nolan au scénario) son passé est raconté à l’aide de flashbacks, tous très touchants et réussis sur son enfance, sa relation avec Jonathan, son père adoptif, une fois encore maîtrisée par un Kevin Costner qui n’a besoin que d’un regard pour faire passer un message ou une émotion. A ce stade, Clark ère parmi les humains sans savoir qui il est, d’où il vient ni s’il doit se révéler au monde ou rester caché comme le préconisait son père (adoptif).

Man of Steel : Dylan Sprayberry, Kevin Costner

Là où les choses se gâtent, c’est tout d’abord avec l’entrée en scène du personnage de Lois Lane interprété par Amy Adams. Si l’actrice incarne merveilleusement bien la journaliste fouineuse et n’ayant pas peur de mâcher ses mots, le scénario lui réserve un rôle très limité, ramenant son personnage à l’arrière plan. Mais là où les puristes hurleront au scandale c’est sur le traitement de la relation Clark Kent/Lois Lane. Si à l’origine les deux personnages sont censés se rencontrer au Daily Planet et jouer au chat et à la souris pendant des années, Lois est ici immédiatement sur la piste de l’homme d’acier (avant même qu’il ne devienne Superman) et le démasque en un rien de temps. En effet, la journaliste se rend en Antarctique pour enquêter sur un objet mystérieux enfoui dans les profondeurs glacières depuis 20 000 ans et tombe alors nez à nez avec Clark. Alors que certains n’auront déjà pas digéré cette réinvention de la rencontre entre Lois et Clark, les changements ne font que commencer. Exit la forteresse de solitude qui devient ici le fameux vaisseau Kryptonien enfoui sous la glace. Pour communiquer avec Jor-El, Clark se contente d’introduire une sorte de clé USB made in Krypton qui va télécharger à bord du vaisseau la conscience de son père. Kal-El apprend enfin qui il est, quelle est sa mission sur Terre et un costume de Superman sort d’un placard comme par magie.

La cape sur le dos c’est le moment pour le grand méchant Zod de faire son apparition sur Terre et de réclamer la reddition de Kal-El. Voulant protéger l’humanité, Superman accepte de se rendre mais les choses ne vont évidemment pas se passer comme prévus, laissant place ainsi au premier spectacle de destruction massive à Smallville. Si Superman affectionne sauver les gens, il n’a semble t-‘il, que faire de leurs habitations puisqu’il n’hésite pas à passer à travers et tout détruire sur son chemin lors de son combat contre Zod et Faora (Antje Traue).

Man of Steel : Amy Adams, Antje Traue, Henry Cavill

Sans rentrer dans les détails, la seconde partie du film se compose essentiellement de scènes d’actions vertigineuses proposant un niveau de destruction encore jamais vu au cinéma. Le film Avengers de Joss Whedon ainsi que l’ensemble des Marvel confondus peuvent aller se rhabiller. Si cela fait vraiment plaisir de voir enfin de l’action, de la vrai, dans un film Superman et d’admirer des combats de demi-dieux dans les airs puis sur Terre, la longueur de ces derniers finit vraiment par fatiguer. Les zoom/dézoom lors des scènes aériennes finissent par donner le tournis d’autant (pour la petite parenthèse) que la conversion 3D n’apporte strictement rien au film.
Le tout est porté par la très bonne bande-originale de Hans Zimmer mais qui a le défaut de se montrer répétitive et surtout de manquer d’un thème iconique annonçant l’arrivée de Superman comme celui des films de Richard Donner. Les fans d’explosions et de jeux-vidéos saliveront donc devant ces scènes de combats spectaculaires tandis que certains regretteront qu’un peu de ce temps n’est été consacré au développement des personnages comme celui de Perry White dont on ne sait vraiment pas grand chose.

L’ultime trahison envers les fanboys arrive lors de l’ultime combat entre Zod et Superman (attention spoilers) puisque Superman déroge à sa règle d’or, la règle associée à Superman depuis son origine : Tu ne tueras point. En effet, Superman brise la nuque de Zod pour sauver des êtres humains. Même si en la situation actuelle, il était difficile pour l’homme d’acier de faire autrement, les scénaristes auraient très bien pu réfléchir un peu plus et trouver un moyen de le renvoyer dans la zone Fantôme, d’autant que Zod était brillamment incarné par Michael Shannon et que nous l’aurions bien revu dans un futur Man of Steel.

Man of Steel : Henry Cavill

Man of Steel a donc réinventé le personnage de Superman dans un soucis de modernisation. Comme le veut l’histoire d’origine, Clark a embrassé ses origines, son humanité et sa destinée de sauveur de l’humanité (allant jusqu’à empêcher la renaissance de Krypton et condamner sa propre race pour sauver l’humanité). Zack Snyder et son équipe de scénaristes ont certes réussis à faire de Superman un héros bad-ass, beaucoup plus sombre que ses précédentes adaptations, tout en faisant quelques clins d’oeil aux films de Donner (les allusions chrétiennes où Clark est le sauveur et a 33 ans comme le Christ) mais tout cela au prix de certains éléments essentiels comme l’humour (Henry Cavill n’est pas un blagueur et reste souvent de marbre), l’émotion, l’anonymat (beaucoup de monde sait déjà qui est Superman et c’est pas forcément pratique s’il faut rembourser les dommages causés …) et surtout les valeurs propres au super-héros (Superman ne tue pas).
Enfin, à trop se concentrer sur Superman explosant des buildings, le film souffre en matière de développement des personnages (Clark s’amourache de Lois après l’avoir fréquenté 10 minutes, Perry et les autres apparaissent si brièvement à l’écran qu’il est difficile d’avoir de la compassion pour eux …). Bref si certains de ces défauts pourront être corrigés dans la suite de Man of Steel (déjà annoncée par Warner), le mal est fait en ce qui concerne certains.

En résumé, les fanboys amoureux de l’homme d’acier tel qu’il est dépeint depuis sa création crieront à la trahison et s’empresseront d’évacuer de leur mémoire ce Man of Steel tandis que les autres, plus enclins au changement et à l’évolution, profiteront de cette réinvention de Superman et ce film à grand spectacle, trop grand spectacle peut-être puisque Zack Snyder a définitivement eu la main lourde sur l’action.

N’étant pas un fanboy mais regrettant la perte de certains détails faisant le charme de Superman (ainsi que la faiblesse du scénario et l’abus d’action en fin de film) j’ai décidé de donner à Man of Steel la note suivante :

Note : ★★★☆☆

Crédits photos : © Warner Bros. France

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