[Critique] Wall Street : L’argent ne dort jamais (2010)

23 ans après le premier Wall Street, Oliver Stone réactualise sa critique avec Wall Street : L’argent ne dort jamais (présenté en hors compétition au festival de Cannes 2010) dont la sortie est prévue en France pour le 29 septembre prochain.

Synopsis : Wall Street, New York : en plein krach boursier de 2008, un jeune trader, Jacob Moore, est prêt à tout pour venger son mentor, que d’obscures tractations financières ont poussé au suicide. Il demande de l’aide à Gordon Gekko, le meilleur – et le pire – des gourous de la finance, qui vient de sortir de 20 ans de prison pour délit d’initié. Jacob va apprendre à ses dépens que Gekko reste un maître de la manipulation, et que l’argent ne dort jamais.

Après les traders, Oliver Stone s’attaque cette fois-ci aux banques d’investissements qui jouent avec des économies entières sans en mesurer les conséquences, le tout dans le seul but de gagner toujours plus d’argent.

On retrouve au début du film le personnage de Gordon Gekko (Michael Douglas) à sa sortie de prison en 2001 des suites de sa condamnation dans le premier film Wall Street. Beaucoup d’années ont passées et personne n’est là pour venir le chercher aux portes de la prison (le spectacle n’est pas si triste lorsque l’on connaît le personnage).

7 ans plus tard, Gordon Gekko semblant avoir beaucoup appris en prison, fait aujourd’hui la promotion de son livre « L’avidité, est-ce bien ? » (en référence au désormais célèbre « L’avidité c’est bien » du premier film) dans lequel il critique assez justement le fonctionnement de notre système tout en prédisant comme nous l’avons vécu récemment que ce dernier finirait par aboutir à une impasse et à une nouvelle crise.

Pendant ce temps Jake Moore, un jeune trader très prometteur (interprété par Shia LaBeouf) et spécialiste dans les nouvelles sources d’énergies vertes apprend par son mentor Louis Zabel que le fond d’investissement Keller Zabel pour lequel il travaille, va de plus en mal.

Peu de temps après la société Zabel est victime de rumeurs de placements toxiques et Breston James, un associé de la puissante banque d’investissement Churchill Schwartz lance une OPA hostile pour racheter Keller Zabel pour une somme ridicule.

Ruiné et humilié, Louis Zabel se suicide alors en se jetant devant un métro.

Effondré par la nouvelle du décès de son mentor, Jake trouve refuge dans les bras de sa petite amie Winnie (Carey Mulligan) qui n’est d’autre que la fille de Gordon Gekko.
Cette dernière garde contre son père de nombreuses rancunes, notamment à cause du décès de son frère, souffrant d’un problème de drogue qu’elle attribue à l’absence de son père, alors en prison.

Désireux de se venger, Jake approche alors Gordon Gekko (qui n’a rien perdu de son talent) pour découvrir que Breston James est la source des rumeurs ayant conduit à la ruine de Louis Zabel. Il décide alors de mettre en place un plan visant à se venger en commençant par accepter le poste que lui a proposé Breston afin de gagner sa confiance.

En contrepartie pour son aide, Gekko demande à Jake de l’aider à renouer avec sa fille.
Hélas Gekko n’ambitionne pas seulement de retrouver sa fille mais aussi de se refaire une place dans le monde moderne de la finance qui a oublié son existence (et aussi au passage de se venger de Breston qui est également responsable de la durée de sa peine de prison).

Le reste du film ne sera que double jeu, déception et trahison. Jake est d’abord trahi par Breston sur qui il comptait pour vendre un mode d’énergie fonctionnant via la fusion aux chinois (les énergies vertes sont décrites dans le film comme étant la prochaine bulle) puis par Gekko. Tout cela entraînera ensuite le départ de Winnie avec qui il est alors fiancé et qui voit désormais en lui le reflet de son père.

Bref le film s’avère très pessimiste sur la nature humaine (car l’histoire tourne avant tout sur les personnages) et celle de notre système. Gekko préfère toujours l’argent à sa famille même s’il fait preuve d’une once d’humanité très hollywoodienne dans les dernières minutes du film.

Le jeune Jake qui caricature le trader idéaliste (si cela existe !), apprend qu’il ne suffit pas de bonnes intentions pour changer le monde mais bien d’argent tandis que tout comme Bud Fox (Charlie Sheen) dans le premier film, sa conscience est mise à mal tout au long du film, flirtant entre appât du gain, vengeance, trahison et concrétisation de ses idéaux.

On saluera au passage la petite apparition de Charlie Sheen qui reprend, le temps d’une tirade avec Gekko, son rôle de Bud Fox (ça mange pas de pain mais ça fais toujours plaisir).

Pour conclure et ce bien que le film traine quelque peu en longueur et souffre de quelques personnages trop stéréotypés (la mère de Jake et ses soucis d’argent par exemple), Wall Street « 2 » remplit malgré tout plus ou moins bien son rôle.
Certes la critique aurait pu être encore plus violente mais je pense qu’aujourd’hui plus que jamais personne ne tombera de son siège lorsque Gordon Gekko s’exclame dans son discours que « la spéculation est la mère de tous les maux ».

Entre réalisme et caricature, le film met à mal l’avidité des banquiers (avec le personnage de Breston James, le grand méchant de l’histoire) dépeints comme étant les nouveaux Gordon Gekko …

Là où le premier Wall Street a ouvert les yeux à de nombreuses personnes sur un univers obscur dont ils ignoraient alors beaucoup, Wall Street « L’argent ne dort jamais » ne fera que nous rappeler l’actualité.

Ainsi ceux qui chercheront dans Wall Street « L’argent ne dort jamais » un film aussi cinglant que le fût le premier en son temps seront probablement déçus (car cela serait aujourd’hui très compliqué, voir impossible) mais ceux qui prendront le film pour ce qu’il est l’apprécierons bien davantage !

Note : ★★★☆☆

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