Sortie nationale : 15 septembre 2010
Titre original : The Last Exorcism
Réalisé par : Daniel Stamm
Produit par : Eli Roth
Pour son film « Le dernier exorcisme » Daniel Stamm a choisit le style du film documentaire avec caméra au poing à la manière du très bon Projet Blair Witch et du risible « Paranormal Activity ».
Ce type de film est devenu, il faut l’avouer, très à la mode chez les films d’épouvante comme en témoignage REC et REC 2. Certains adoreront ce trait de réalisme et d’autres se verront déboussolés par les mouvements incessants de caméra (notamment dans les scènes d’actions).
Mais outre ce choix particulier de mise en scène, que vaut ce nouvel exorcisme ?
Parti d’une idée originale, le film suit une équipe de tournage engagée par un révérend pratiquant l’exorcisme et désireux de dévoiler au monde entier la vaste mascarade que représente en réalité cette pratique.
Le révérend Cotton Marcus est un pasteur évangéliste élevé par son père dans la pure tradition religieuse. Adepte des tours de passe-passe, il divertit sa paroisse et pratique l’exorcisme depuis près de 25 ans sans pour autant croire réellement en Dieu.
Lui même père d’un enfant prématuré il décide après avoir eu vent de la mort d’un enfant autiste lors d’un exorcisme de se repentir et de dévoiler la vérité à la télévision sur la supercherie qu’est l’exorcisme en allant lui même (suivi des caméras) pratiquer un faux exorcisme comme il en a l’habitude.
C’est ainsi que le révérend et l’équipe de TV se retrouve dans le fin fond de la Louisiane, dans la ferme de Louis Sweetzer, un fondamentaliste persuadé que sa fille est possédée par un démon.
L’équipe débarque alors en terre inhospitalière après avoir croisé en route le fils de la famille (pas très catholique) désireux de les voir déguerpir.
Le révérend commence alors à parler au père qui vient de perdre sa femme d’un cancer et plonge dans l’alcoolisme afin de comprendre pourquoi il en est venu à la conclusion que sa fille est possédée par un démon.
Le père reproche en effet à sa fille Nell (Ashley Bell) de mutiler les bêtes de sa ferme durant la nuit même si cette jeune dernière n’en a aucun souvenir.
Bref convaincu que la vérité est ailleurs que dans la possession démoniaque, Marcus entreprend devant les caméras une parodie d’exorcisme afin de rassurer son père. Pour cela il utilise divers trucs et astuces, tel que de la fumée, des cordes pour faire trembler les murs et des enregistrements de cri démoniaques. Nous soulignerons la performance de Patrick Fabian (le révérend Marcus) qui interprète ici un charmant charlatan aussi appréciable que détestable.
A ce moment le film encore bien loin de l’épouvante et du film d’horreur plonge entièrement dans la parodie et dans la comédie mettant en avant le ridicule de l’exorcisme.
Cette excellente première partie montre d’un jour nouveau la pratique de l’exorcisme beaucoup trop pris au sérieux dans les précédents films.
Une fois le reportage du faux exorcisme en boite et le père de la jeune fille rassuré, l’équipe décide alors de retourner à l’hôtel où Nell, va mystérieusement les rejoindre pendant la nuit …
Dès lors commence la seconde partie du film, réellement axée sur le supernaturel et l’épouvante. Face à la peur et l’incompréhension générée par le comportement de Nell (d’ailleurs remarquablement interprétée par la jeune actrice Ashley Bell qui flirt à la perfection entre l’innocence de la jeune croyante et le sadisme du démon), le révérend Marcus va remettre en question son manque de foie en Dieu et surtout dans le diable …
Côté réalisation, on ne peut qu’être déçue du choix du reportage caméra au poing tant cela permet au réalisateur de se jouer du spectateur (quelqu’un ne veut pas que ce soit filmé, la caméra s’éteint, quelque chose se passe, la caméra s’éteint …).
Mais si Daniel Stamm n’abuse encore pas trop de ce mode de réalisation, on ne peut qu’être encore une fois déçu par l’absence de véritable épouvante dans le film.
Quelques sursauts, c’est tout ce qu’aura réussit à obtenir de nous ce dernier exorcisme.
La tension quant à elle est bien présente dans toute la seconde moitié du film tant le spectateur, en même temps que le personnage du révérend Marcus, s’interroge sur la vérité de ce qui arrive à Nell. Possession ou drame psychologique ?
Hélas et c’est là le véritable drame, le film cède à la facilité du « WTF » dans son dénouement en nous offrant un spectacle en décalage complet avec le reste de l’action. L’espace des cinq dernières minutes, le réalisateur dit adieu à la psychologie et bonjour à l’incompréhensible horreur bête et méchante laissant le spectateur dubitatif se demandant ce qu’il vient de se passer et d’où sort cette fin indigne des promesses apportées par ce jusque là prometteur, dernier exorcisme …
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