[Critique] Le complexe du Castor de Jodie Foster avec Mel Gibson

Titre original : The Beaver
Réalisé par : Jodie Foster
Distributeur : SND
Genre : Drame
Durée : 1h31 minutes
Date de sortie : 25 mai 2011

Synopsis :
La vie de Walter n’est plus ce qu’elle était. Déprimé, vivant au ralenti, il s’éloigne de sa famille et de ses proches. Sa femme finit par le chasser de la maison pour le bien de leurs enfants. Touchant le fond, il s’accroche malgré lui à une marionnette de castor trouvée un soir par hasard. Par jeu ou par désespoir, il utilise cette marionnette pour extérioriser toutes les choses qu’il n’ose pas dire à sa famille et ses collègues. La marionnette devient alors comme une nouvelle personnalité, un nouveau Walter, plus positif et sûr de lui. Rapidement il reprend le contrôle de sa vie mais découvre peu à peu qu’il ne peut plus vivre sans son castor. Parviendra-t-il à se débarrasser de lui ?

Le complexe du Castor est un film qui, au premier abord, peut laisser songeur. En effet, que penser d’un film dont l’affiche représente un Mel Gibson au bout du rouleau, une marionnette de castor à la main ? Un coup de grâce pour l’acteur ou un retour triomphant ? Présenté officiellement au festival de Cannes (hors compétition), nous avons eu la chance de le voir, le même jour que sa projection sur la croisette.

Réalisé par l’actrice Jodie Foster, qui interprète également la femme de Walter Black (Mel Gibson), le film nous entraine donc dans le drame que vie une famille meurtri par la folie du père, engouffré dans une profonde dépression. Bien qu’ayant à première vue tout pour être heureux, à savoir une famille et une entreprise de jouet hérité de son père et dont il est à la tête, l’homme semble avoir complètement perdu le goût de vivre, au point de vouloir fuir et mettre un terme à sa souffrance.

Un soir où il tente justement d’en finir, Walter – ou peut être son instinct de survie – s’invente une seconde personnalité à travers une marionnette de castor, trouvée plus tôt dans une poubelle.

Cette dernière va reprendre la vie de Walter en main et lui permettre de se rapprocher de sa famille ainsi que de sauver son entreprise au bord de la faillite. Malheureusement, la marionnette va devenir partie intégrante de Walter, au point que ce dernier ne vive plus qu’à travers elle et avec elle, ce qui (vous en conviendrez) peut vite devenir très gênant et inquiétant.

« Et le castor, il met le chocolat dans le papier d’alu ! »

Pendant ce temps, Porter (Anton Yelchin), le fils ainé de Walter, lutte contre tous les points communs qu’il peut avoir avec son père, de peur de devenir un jour comme lui – isolé et fou. Rejetant sur lui la responsabilité de toutes les tensions de sa famille, il renie tout héritage pouvant provenir de son père et préfère se réfugier dans une histoire d’amour avec Norah (Jennifer Lawrence), une copine de lycée ayant, elle aussi, quelques difficultés à aller de l’avant.

Bien qu’étant un drame familial, le film fait beaucoup rire tant il est ridicule de voir Mel Gibson faire parler une marionnette à son travail, devant sa femme ou encore sous la douche.
Cependant, lorsque l’on réalise (comme sa femme) que ce mode de vie n’est pas un jeu pour Walter, le film devient rapidement beaucoup moins drôle.

Mel Gibson nous offre dans ce film une incroyable prestation tant il jongle avec brio entre l’indépendant, dirigiste et sûr de lui-même, Castor, au fragile Walter. Avec le complexe du castor, Mel Gibson, en froid depuis plusieurs années avec Hollywood, fait un retour fracassant sur le grand écran.

Doit-il dire oui au Castor et le laisser prendre le contrôle total de sa vie (au risque de passer pour un phénomène de foire aux yeux du monde) ou doit-il résister et vivre sans lui ?

Le complexe du castor est certainement un des meilleurs films que nous ayons vu en ce début d’année 2011. Drôle, touchant et émouvant, on ne voit pas bien que demander de plus, surtout lorsque l’on sait qu’il marque le retour du grand Mel Gibson, après une longue traversée du désert Hollywoodien … Bref, merci à Jodie Foster pour nous avoir offert non seulement un superbe film, mais aussi pour avoir redonné sa chance à un acteur qui la méritait.

Un film à voir (sans faute) dans tous les bons cinémas dès le 25 mai prochain !